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Libération
Critique

«Les poings contre les murs» : père et fils en taule position

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L’Anglais David MacKenzie réussit, avec un film de prison, à éviter le déjà-vu.
Jack O'Connell, sec comme un coup de trique. (Photo Aidan Monaghan)
publié le 3 juin 2014 à 19h36

On pouvait penser, avec quelque raison, que le genre «carcéral» avait donné à peu près tout ce dont il était capable. Depuis le parangon Je suis un évadé de Mervyn LeRoy jusqu'au récent et baroque Bronson de Nicolas Winding Refn, tous les ingrédients de la recette semblent avoir été essorés jusqu'à la dernière goutte. Heureusement, ce n'est pas le type de considération susceptible de mettre un frein à l'ardeur de David MacKenzie, qui s'est lancé dans cette affaire d'affrontement œdipien derrière les barreaux avec une fraîcheur de débutant.

Le réalisateur anglais a pris pour cadre une prison de haute surveillance dans laquelle un jeune délinquant est précipité pour cause de dangerosité extrême. A peine arrivé, il doit se colleter avec son propre père, vieux gangster condamné à perpète, qui nourrit un dernier espoir pour faire quelque chose de valable de son existence, à savoir faire l’éducation de son fils en milieu hostile. Cet apprentissage, assez éloigné des dogmes en vigueur dans les meilleures universités britanniques, consiste surtout à savoir se défendre (avec des lames de rasoir) et à faire allégeance aux puissants avec discernement.

Chauffé à blanc. L'air de rien, cette relation déglinguée entre père et fils donne au film une structure solide qui lui permet de se faufiler tranquillement entre les clichés inhérents au genre.