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Libération
critique cinéma

Pour une poignée de polars

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«Black Coal» du Chinois Yinan Diao retrouve la magnificence vénéneuse de l’âge d’or des films noirs américains.
L'inspecteur Zhang (Fan Liao), devenu privé, poursuit l'enquête en Mandchourie. (Photo Memento Films)
publié le 10 juin 2014 à 18h06

L'excellente nouvelle Black Coal est une confirmation : la Chine est bien devenue l'infernale terre d'élection d'une génération de films noirs, amples et vénéneux, révélateurs impitoyables de la déliquescence de leur époque. Tout est là, où que se pose l'œil de la caméra : la vénalité exacerbée d'une société obsédée par l'argent, la corruption à tous les étages, la violence inouïe des rapports sociaux sans oublier une criminalité florissante, empruntant volontiers des détours baroques. Ce n'est pas pour rien, au passage, que la figure de l'enquêteur privé, obsolète partout ailleurs, est ici remarquablement pertinente. Encore fallait-il des cinéastes comme Diao Yinan pour mettre tout cela en musique, mixant dans une narration labyrinthique et imprévisible tous les motifs du genre, anciens et nouveaux, référencés et inédits.

Puzzle humain. Justement, le personnage principal de Black Coal est un enquêteur. Un flic qui, au cours du caniculaire été 1999, est chargé d'une affaire de puzzle humain dont les pièces sanguinolentes sont retrouvées aux quatre coins de la province mandchoue, enfouies dans des tas de charbon. Cinq ans plus tard, quand le film le redécouvre dans la même sinistre ville minière durant un hiver polaire, le bonhomme a quitté la police et gagne sa croûte comme agent de sécurité dans une usine où il explique aux ouvriers comment se servir d'un extincteur. Autant dire qu'il a du temps libre pour picoler dur e