Qu'espère-t-on de Jean-Luc Godard ? Qu'il parle ? Qu'il se taise ? Qu'il vienne à Cannes ? Qu'il reste chez lui ? Qu'il disparaisse ? Un entretien accordé au Monde provoque un émoi qui, une fois encore, devrait davantage interroger sur l'état lamentable dans lequel les «idées», le «débat intellectuel» sont aujourd'hui restitués par la sphère internet plutôt que sur la nature réelle de l'emmerdeur en chef Jean-Luc Godard, qui en est à l'origine.
Une phrase, répondant à une question sur les élections européennes, fait particulièrement outrage: «J'espérais que le Front national arriverait en tête. Je trouve que Hollande devrait nommer – je l'avais dit à France Inter mais ils l'ont supprimé – Marine Le Pen Premier ministre.»
Il y a bien longtemps, soumis par Bernard Pivot à la question «Qui mettre en effigie sur les billets de banque ?», Godard avait répondu «Adolf Hitler» et on ne voit pas de meilleur rapprochement pour souligner, sinon applaudir, la constance de la dialectique godardienne. Cette langue que Godard emprunte lorsqu'il intervient dans le débat politique est celle de son cinéma, la seule qu'il connaisse. Avec ses effets de montage abrupts : les portraits face-à-face de Golda Meir et de Hitler dans Ici et Ailleurs en 1976. Avec ses ap