On l’avait vue monter à cheval pour Michael Cimino, plus récemment dialoguer en bêlant avec une chèvre coréenne chez Hong Sang-soo, ou encore frayer avec serpents et insectes dans la jungle philippine de Brillante Mendoza. Avec son caractère aventurier unique, et souvent une longueur d’avance sur tout le monde, Isabelle Huppert avait eu l’occasion de se frotter à toutes sortes d’étranges animaux déguisés en cinéastes et toutes sortes de bêtes bien réelles.
Mais enfiler les bottes d'une fermière normande et procéder à l'accouchement d'une vache, bizarrement, personne n'avait songé à le lui proposer. Jusqu'à Marc Fitoussi, qui lui offre un très beau rôle de femme en pleine échappée de sa propre vie dans la Ritournelle, une tentative séduisante, comme rarement en France, de comédie élégante à l'américaine.
Jamais tout à fait situable, l'actrice se projette déjà loin: elle jouera cet automne deux films aux Etats-Unis, l'un avec Joachim Trier, le réalisateur norvégien d'Oslo 31 août, «un scénario magnifique», selon elle; l'autre avec Guillaume Nicloux, qui entend la lâcher dans le désert face à Gérard Depardieu. L'histoire des retrouvailles d'un couple après une longue séparation, qui se doublera de celles des interprètes, une trentaine d'années déjà après Loulou de Pialat. Un film dont elle ne saurait dire à quoi il ressemblera, mais que sa nécessité profonde est de se tourner «vite, dans un geste qui lui corresponde, qui serait comme un tra