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«Danger Dave» : c’est La chute finale

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Philippe Petit a suivi le skateur «Danger Dave» pendant cinq ans. Le crépuscule émouvant d’un dieu de la planche.
La carrière pro du skateur Danger Dave sent le sapin. (Photo Petit Dragon)
publié le 17 juin 2014 à 18h06

Danger Dave n'est pas un film de skate flamboyant, avec ses rituelles images spectaculaires de corps juvéniles en apesanteur, virevoltant avec grâce dans le béton urbain, mais la lente déconfiture d'un skateur pro belge, au crépuscule de sa carrière, David Martelleur, alias «Danger Dave». C'est l'histoire d'une chute, émouvante, d'un corps rattrapé par la gravité. D'un môme énervé qui refuse de grandir. C'est aussi l'histoire d'une solitude en bande, entre contest aux quatre coins du monde, bringues alcoolisées et virées nocturnes sur l'asphalte.

Le réalisateur, Philippe Petit, a collé aux baskets de la tête brûlée Martelleur pendant cinq ans, caméra à l'épaule. Il tente de suivre à pied la fuite à roulettes et en avant de ce hobo contemporain qui vit au jour le jour, toujours en mouvement, entre un train, un hôtel bon marché, entre Copenhague et Bordeaux, la Thaïlande et l'Oregon, avec pour tout bagage un sac jeté sur le dos avec un slip de rechange et sa planche : son extension, sa béquille, son moteur, sa maison, sa compagne fidèle, son exutoire et son bouc émissaire, que parfois de rage et d'impuissance il brise en sautant dessus à pieds joints. Cette planche amie à laquelle il se raccroche comme un désespéré à son radeau, sur laquelle il remonte en dépit des gamelles et du bon sens.

Le montage ne suit pas l’ordre du tournage, ce qui fait qu’on retrouve le trublion rouquin en constante mutation capillaire - avec ou sans barbe, avec ou sans cheveu