D'autres en joueraient, Anne Le Ny en rit. «Mais non, je n'ai pas 45 mais 51 ans ! C'est la notice Wikipédia qui est fausse. C'est curieux d'ailleurs comment ça résiste : une fois, je l'ai dit à une journaliste, elle s'est pourtant fiée à Wikipédia. Tout de même, pour 45 ans, je ferais bien tapée, non ?» Elle dégage de la puissance, Anne Le Ny. Grande à voix grave et regard bleu perçant auquel une délicate chemise lavande fait écho ce jour-là. Présence résolue à poignée de main bien ferme et au propos direct, mots pas mâchés et vertébrés. Elle dit par exemple : «Acteur, c'est aussi un travail intellectuel, et je remercie Fabrice Luchini de l'avoir souvent dit dans des interviews. Pour savoir rendre intelligible un texte, il faut avoir une pensée très claire et les bons acteurs réfléchissent beaucoup, peuvent dire beaucoup de choses sur la dramaturgie. Ce métier est trop souvent réduit au feeling, de façon infantilisante. C'est un truc sociétal, j'ai l'impression : désormais, on ramène tout à l'instinctif, aux tripes, à l'émotion, alors qu'une pensée équilibrée, ça procure de la joie.» Ou encore : «Devenir réalisatrice ? Ça a été un immense soulagement. Ça m'a apporté le contrôle. En tant qu'actrice, j'avais du mal à ne pas prendre en charge tout ce qui se passait autour.»
C'est l'actrice Anne Le Ny qu'on a d'abord repérée. Elle est omniprésente dans le cinéma hexagonal depuis plus de quinze ans. Et là encore, c'est du solide. Elle est abonnée aux se