A l’hiver 1988, s’affrontèrent au Stade national de Bucarest les deux équipes phares et rivales de la capitale roumaine : le Steaua et le Dinamo. Un derby, comme le veut le lexique consacré du football, qui se doublait d’un autre, car c’était alors aussi l’équipe de la police secrète de Ceausescu qui affrontait celle de l’armée. Sous les yeux d’une population parée de gris qui attendrait encore un an son heure révolutionnaire, le match mettait aux prises l’essentiel de la plus étincelante génération de joueurs locaux (Hagi, Ilie, Petrescu…), sous la tombée d’une neige épaisse qui entrava toute tentative de jeu élaboré, en même temps qu’elle acheva de donner aux images VHS qu’il nous en reste la texture d’un souvenir embué.
Se rappelant il y a peu avoir regardé le match à l'époque sans vraiment rien y comprendre, Corneliu Porumboiu, jeune cinéaste brillant révélé par 12 h 08 à l'est de Bucarest, en conçut alors le projet de le revoir, au côté de son père qui se trouve en avoir été l'arbitre. Enregistrés et apposés en off sur les images grumeleuses de la partie, leurs échanges et commentaires souvent d'une très haute drôlerie ordonnent la matière brute de Match retour, l'un des gestes documentaires les plus saisissants approchés récemment, sous des dehors farceurs et bricoleurs de récréation mineure.
«Tu crois vraiment que ça peut faire un film ?» demande Porumboiu père. «On verra», répond le fils. C'est tout vu : outre ses attraits anecdotiqu