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Libération
Reprise

«Metropolitan» hors du temps

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Le premier long métrage de Whit Stillman est une comédie de classes tissée de douces désillusions.
publié le 1er juillet 2014 à 18h36

Il y a deux ans se présentait à nous Damsels in Distress, ravissement pastel par lequel s'opérait le retour de Whit Stillman, ce souverain évaporé de la comédie indé nineties, perdu de vue depuis bien trop longtemps. Et si ce quatrième film seulement du cinéaste new-yorkais en vingt-deux ans ne rencontra pas un succès à la mesure de son éclat, il eut cette vertu consolatoire de raviver les mémoires cinéphiles et de remettre Stillman au travail. Depuis, on aura ainsi enfin pu découvrir traduits les délices de sa novélisation de son propre chef-d'œuvre Les Derniers jours du disco, sa série The Cosmopolitans se sera tournée à Paris, et voilà que reparaît en salles son tout premier long métrage, Metropolitan (1990).

Ivresses. L'œuvre de Stillman est celle d'un moraliste moqueur épris par-dessus tout de ses contradictions. En cela le paradoxe qui cimente son premier film lui sied idéalement : c'est un tableau de la très haute bourgeoisie new-yorkaise et de ses fastueux rites initiatiques, à l'ambition et au moiré de comédie élégante golden age (on songe à George Cukor autant qu'à Evelyn Waugh ou Jane Austen, abondamment citée), qui fut, faute d'argent, tourné presque en contrebande, s'habillant à la volée de plans chapardés sur le seuil de véritables bals des débutantes. Et c'est précisément dans le sillage d'un vrai-faux intrus peu fortuné, convié presque à son corps (socialiste) défendant à se mêler à cett