Menu
Libération
Minimalisme

Tu ne «Terra» point

Article réservé aux abonnés
Dans «Terras Nullis», Salomé Lamas laisse la parole à Paulo, soldat portugais, mercenaire et maintes fois tueur.
Paulo, 66 ans, qui a été envoyé en Angola, au Salvador pour la CIA, puis en Rhodésie, avant d'être prisonnier en France. (Photo Shellac)
publié le 1er juillet 2014 à 18h06

Il prétend s’appeler Paulo, avoir 66 ans, même s’il en paraît un peu plus, et affirme que la majeure partie de son existence, ou presque, a été consacrée à l’art de la guerre et à l’exécution illégale d’individus pour le compte de gouvernements ou d’organisations secrètes. La confession recueillie par la jeune réalisatrice portugaise colle, dans sa forme, avec l’austérité du propos. Inutile d’en rajouter quand les mots, les récits, les impressions sont délivrés avec une telle précision chirurgicale. Un cadre obscur, une lumière chiche qui éclaire le visage buriné et barré d’une moustache «paille de fer» du vieil homme, ni musique ni questions. Un visage et des mots, voilà tout.

Atroce. Paulo dit qu'il a commencé sa carrière militaire en Angola, dans les commandos portugais dont la mission consistait à éliminer, de la manière la plus brutale possible, les rebelles du Frelimo. Doigts coupés, oreilles épinglées à la ceinture, chair calcinée sur l'écorce des arbres, chaque anecdote s'achève sur un détail atroce et, chez le vieux, un haussement d'épaules fataliste. «On leur rendait la monnaie de leur pièce. Eux, ils empalaient les femmes. Aux grands maux les grands remèdes», son dicton favori. Puis, après la révolution des œillets et sa démobilisation, une étape douloureuse au Portugal comme agent de sécurité, autrement dit de larbin, qui le pousse à prendre à nouveau le large. Evidemment, c'est une carrière de mercenaire qui s'ouvre