La vie de Vivian Maier (1926-2009) n'a rien d'un conte de fées, mais personne ne peut affirmer qu'elle fut une tragédie. John Maloof - qui en fut, pour ainsi dire, le révélateur - a choisi ce ton au lyrisme dynamique qu'affectionnent les Américains lorsqu'il s'agit de mettre en scène une histoire énigmatique à multiples rebondissements, et qui s'appuie sur une réalité fragile, peu de témoins, beaucoup d'ombres. En s'attribuant le rôle principal dans le film coréalisé avec Charlie Siskel, A la recherche de Vivian Maier, John Maloof s'essaie à prouver qu'il a fait le meilleur choix. Il n'avait pas l'intention de garder pour lui l'aventure singulière de cette inconnue, et il lui fallait, un peu comme s'il avait entendu sa voix d'outre-tombe, lui rendre l'hommage qu'elle méritait, c'est-à-dire «la faire entrer dans les livres d'histoire [de la photographie]».
«Beaux». Tout commence à Chicago, à l'hiver 2007, lors d'une salle de vente aux enchères. Ce fils de brocanteurs achète un carton rempli de négatifs pour 380 dollars. Qu'il range d'abord dans un placard, puisque aucune image ne lui paraît utile pour son livre sur un quartier de Chicago. Comme il trouve «beaux» les négatifs déjà examinés, il crée un blog et publie 200 photos prises par cette femme nommée Vivian Maier. Gros succès. Doublé d'un coup de dés puisqu'il apprend sa mort, en 2009, via Google. John Maloof a enfin une piste. Après avoir racheté tout ce qu