Voila un bon moment que la bonne ville de Detroit, dans le Michigan, incarne une forme d'apocalypse urbaine terrifiante pour l'Amérique en particulier et le monde occidental en général. Sans remonter jusqu'à Robocop (1987), une des premières incursions dans le chaos urbain de Detroit, l'ex-capitale industrielle de la voiture made in USA fait office, à juste titre, d'esquisse de l'effondrement complet d'un système économique et politique, presque toujours associé au gag récurrent de la fin du rêve américain.
Entrailles. Ces dernières années, Gran Torino, de Clint Eastwood, Only Lovers Left Alive, de Jim Jarmusch, ou Lost River, de Ryan Gosling, pour ne citer qu'eux, se sont chargés de tirer parti du fabuleux décor des usines cathédrales abandonnées, des artères envahies par les herbes folles ou des zones pavillonnaires désertées, pour dire tous un peu la même chose. Detroit, c'est la fin du monde avec un peu d'avance, ainsi que l'avait montré le formidable documentaire de Florent Tillon, en 2011, Detroit, ville sauvage (en accès VOD), qui plongeait dans les entrailles fantomatiques de la ville agonisante comme un chirurgien fait une autopsie.
City of Dreams est aussi un documentaire qui, lui, s'attache à définir les causes de la dégringolade. L'auteur, Steve Faigenbaum, est né là voici plus de soixante ans, au sein d'une famille juive dont les origines américaines remontent au d