Menu
Libération
2CV

Les déliées d’Allio

Article réservé aux abonnés
Reprise de deux portraits de femmes tournant le dos aux conventions de la France des années 60 et 70.
Sylvie dans «la Vieille Dame indigne». (Photo Shellac)
publié le 8 juillet 2014 à 18h06

Après une rétrospective en novembre à la Cinémathèque française, l'édition en DVD de ses films encourage à découvrir et redécouvrir René Allio (1924-1995). Deux portraits de femme sont une occasion idéale : la Vieille Dame indigne et Rude Journée pour la reine.

D’une part, à Marseille, une vieille dame, madame Bertini, veuve après des années d’esclavage domestique au service de sa famille. D’autre part, à Paris, Jeanne, femme de ménage quinquagénaire, elle aussi entièrement dévouée à la tenue de sa maisonnée (mari, grands enfants, vieux parents). Petites vies, petits rêves, petites gens. Allio est du bon côté des pauvres gens. Sans commisération ni aucune sorte d’idéalisme qui en ferait les héros de la classe ouvrière où, comme dans toute classe sociale, les braves et les salauds sont foison.

Résistance. Mais madame Bertini et Jeanne sont comme des figures de parias, voire de hors-la-loi. La première parce qu'elle rompt avec les règles de la lignée qui voudrait qu'elle abonde dans son rôle de veuve respectable. La seconde parce qu'elle va conspirer au bonheur de Julien, son beau-fils juste sorti de taule, et de sa fiancée, jeune maman mineure. Madame Bertini envoie gentiment tout promener et, à la tête d'un modeste pécule, décide de vivre sa vie, en 2CV et en douce compagnie d'une voisine, serveuse et un peu pute. Jeanne slalome dans son emploi du temps saturé de femme de peine pour organiser la cavale des jeunes amants.

C