En moins d'un an, le grand public français a donc pu découvrir - ou revoir, pour les plus astucieux - l'intégralité de l'œuvre de Bill Douglas. Le cinéaste, mort en 1991 à 57 ans, a construit, en quatre films à peine, un pan singulier et majeur du cinéma britannique, forgeant, notamment à partir de sa propre existence, une auscultation méticuleuse de l'injustice - un sujet que la classe ouvrière anglaise en général, et lui en particulier, connaissent sur le bout des doigts. Sa trilogie initiale, My Childhood, My Ain Folk et My Way Home, tournés entre 1972 et 1978, raconte par épisodes tétanisés de fureur les ténébreuses années d'enfance et d'adolescence de l'auteur, gamin miséreux d'un patelin minier d'Ecosse. En salles aujourd'hui, Comrades, son quatrième et dernier long métrage, sorti en 1987 en Grande-Bretagne, s'inspire d'un fait historique : la persécution de paysans du Dorset dans les années 1830, condamnés à la déportation pour avoir créé une société d'entraide agricole, ébauche timide de syndicat aussitôt réprimée dans une obscène débauche de violence.
Indignation. Autant les trois premiers films de Douglas étaient traversés par ces fulgurances douloureuses et révoltées que l'on associe à l'enfance, fût-elle de l'art, autant Comrades, par son ambition et son ampleur, présente toutes les caractéristiques du grand œuvre. Cinq ans de recherches et d'écriture du scénario, un tournage émaillé d'innom