Certaines voies présidant aux destinées de distribution des films dans les salles françaises demeurent impénétrables. Surtout si l'on considère l'insipidité de la majorité des sorties estivales en regard avec la carrière récente du plus important cinéaste hongkongais de la décennie écoulée, dont l'excellent dernier film, Drug War, paraît directement en vidéo, tandis que ses trois précédentes réalisations demeurent inédites. Comme si sa trajectoire inspirait désormais la défiance après l'échec commercial de Vengeance, en dépit de la grâce ectoplasmique de Johnny Hallyday errant tel un spectre délavé dans les rues interlopes de Hongkong.
Moraliste. Thriller mouvementé aux accents de Melville tardif, Drug War marque pourtant une évolution décisive dans la trajectoire de Johnnie To. Après une tâtonnante première approche sous la forme du drame romantique Romancing in Thin Air, il transplante en effet pour la première fois pleinement sa science du polar en Chine continentale. Or, ce contexte de création neuf, accosté par le réalisateur-producteur avec l'objectif de s'ouvrir plus largement que jamais les portes du vaste marché chinois, l'astreint en même temps à une inédite négociation avec les très stricts tabous et caprices de la censure locale.
Une gageure, dans la mesure où son film oppose brigade des stups et narco-trafiquants, dans un pays où le commerce de drogue est passible de la peine de mort mais n’