Si la difficile, et malgré tout nécessaire, coexistence des Israéliens et des Palestiniens vous intéresse, si le conflit en cours vous sidère et vous révulse, ce nouveau film d’Amos Gitaï est pour vous. Certes, il faut aimer la lenteur, le silence tout juste percé par le pépiement d’un oiseau, le ronronnement lointain d’un moteur d’avion ou le bruit sec d’une branche de citronnier que l’on casse entre ses doigts mais, dans le contexte actuel, l’histoire en vaut la peine.
Filmé en un seul plan-séquence en mouvement, Ana Arabia capte un moment de la vie d'une petite communauté de réprouvés, Juifs et Arabes, qui cohabitent dans une enclave oubliée de la frontière entre Jaffa et Bat Yam, en Israël. Une métaphore de la vie que partagent avec plus ou moins de bonheur - et surtout de malheurs - Israéliens et Palestiniens. «C'est une dépêche de l'AFP repérée par ma coscénariste qui m'a donné l'idée de ce film, nous a confié Amos Gitaï, la semaine dernière à Paris (lireLibération des 2 et 3 août). On y apprenait l'histoire d'une femme, juive polonaise et rescapée d'Auschwitz qui, arrivée en Israël, était tombée amoureuse d'un ouvrier arabe et l'avait suivi chez lui à Oum-el-Fahem avant de se convertir à l'islam. J'ai d'abord pensé : encore une histoire de Juifs et d'Arabes ! Et puis, l'idée a cheminé et je me suis dit qu