Menu
Libération
Cinéma

«Lucy» : Besson charge la mule

Article réservé aux abonnés
Come-back commercial du cinéaste-star avec une Scarlett Johansson en héroïne surdopée.
(Photo Jessica Forde. Europacorp)
publié le 5 août 2014 à 19h06

Seule la considération portée à la tragique condition des victimes d'une grève des cheminots ou d'un rapt par des guérilleros colombiens nous retient de céder à l'outrance langagière, et de comparer les modalités de projection de presse de Lucy de Luc Besson à une prise d'otages. Alors que le film squatte déjà des milliers d'écrans aux Etats-Unis, les esprits taquins d'EuropaCorp auront ainsi attendu la veille de la sortie française pour convier la critique au fin fond de la Seine-Saint-Denis, dans le multiplexe tout confort érigé par la société de Besson dans un centre commercial de zone aéroportuaire. Lequel présente précisément l'attrait sans qualité ni caractère d'une zone de transit climatisée à Minneapolis, Durban ou Singapour. Ou encore celui d'un film récent de Luc Besson - c'est opportun.

Convoyage. Voilà donc l'environnement idoine où l'on aura pu découvrir Scarlett Johansson sous les traits de Lucy. Une étudiante américaine, livrée par un indélicat boy-friend aux griffes d'un ponte de la mafia coréenne de… Taipei (cherchez pas), épouvantail sanguinaire en complet trois pièces qui fera d'elle la mule du convoyage d'une nouvelle drogue surpuissante. Mais lorsque, greffé à son estomac, le paquet craque par accident, l'organisme de la jeune femme mute, soudain doté d'un plein usage de son intellect et de ses sens - quand le commun de l'humanité n'aurait lui recours, selon une croyance populaire erronée, q