«Ma nécrologie sera pleine de Bogart, j'en suis sûre», avait plaisanté Lauren Bacall dans une interview à Vanity Fair, en 2011. Il serait vain de vouloir la contredire. L'actrice américaine, qui a succombé à un accident cardio-vasculaire, mardi à New York, aura été, tout au long de sa carrière, celle qui partagea la vie de Humphrey Bogart, tournant ses meilleurs films à ses côtés, et incarnant la moitié d'un des couples les plus célèbres et populaires d'Amérique.
Pourtant, ainsi que le lui rappelaient parfois ses trois enfants, elle était aussi «le dernier témoin de l'âge d'or». Cette époque où les studios californiens régnaient sans partage sur le cinéma mondial et où leur hégémonie, pensaient-ils, avait toutes les raisons d'être éternelle. Aujourd'hui que Lauren Bacall est morte, personne ne pourra plus raconter les soirées dans la villa de Cole Porter, les cocktails sirotés avec Frank Sinatra dans un club du Sunset Strip ou encore que, dans les années 40, «Los Angeles était la plus belle ville du monde», surtout après un voyage de trois jours en train depuis New York, sa ville natale. Personne ne pourra dire qu'un beau jour, dans le bureau de Jack Warner, des messieurs sérieux hésitaient sur le nom du partenaire de son premier film : Cary Grant ou Humphrey Bogart ? «Cary Grant ? Chouette. Bogart ? Beurk», se souvenait Lauren Bacall dans son autobiographie. Accessoirement, personne ne pourra plus non plus, d'un seul regard furiba