Enchaîné à la suite d'Après mai, Sils Maria est le quinzième long métrage d’Olivier Assayas, présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, et l’un de ses films les plus théoriques, obsédé par la question de la représentation et par le métier d’actrice.
Quel est le point de départ de l’écriture de Sils Maria ?
Un appel de Juliette Binoche qui me demande : «Est-ce que tu voudrais que l’on refasse un film ensemble ?» Elle avait participé à l’Heure d'été, mais c'était une aventure de groupe, qui ne relevait pas de notre dialogue. Elle avait anticipé une question qui planait depuis Rendez-vous, d’André Téchiné (1985), que j’avais coécrit, et qui avait été son premier grand rôle. On ne s'était pas vraiment retrouvés depuis, chacun dessinant un chemin parallèle, ouvrant nos carrières au monde. J’ai tourné à l'étranger, dans d’autres langues. Et elle a travaillé avec Hou Hsiao-hsien ou Abbas Kiarostami. Avec Juliette, il y a une histoire commune en pointillés, une idée du temps passé, un point de départ partagé. Je voulais filmer son absence et sa présence et, par là, notre rapport au cinéma français.
Juliette Binoche côtoie Kristen Stewart, mais aussi Chloë Grace Moretz ou Angela Winkler. Comment faire cohabiter des corps cinématographiques aussi divers ?
J’ai la foi dans le cinéma en tant qu’expérience chimique. Cela m’amuse de voir ce qu’il peut se passer si on met ensemble des êtres qui n’ont rien à voir, comme deux silex que l’on taperait. Au-delà de la chimie amusante, se pose, avec ces actrices, la question du temps. Le rôle de Juliette, Maria Enders, est celui d’une comédienne en plein dans sa carrière mais qui court le risque de se dét