«Etrange», dit le titre. Budori, l'étrange voyage. Voilà une traduction pertinente pour ce conte populaire japonais, paru en 1932 sous la plume du poète Kenji Miyazawa et ici adapté en film d'animation. Petit garçon dans l'œuvre originale, le héros de Gusko Budori no Denki («la vie de Budori») est à l'écran un chat bipède au poil bleu. Peut-être la fourrure et l'élégante queue qui sort de son pantalon sont-elles censées adoucir la rudesse de ses péripéties… Car disons-le honnêtement : isolé dans le chalet forestier qui l'a vu grandir, Budori a une vie de merde. L'hiver est glacial ; c'est la famine. La famille se partage une unique pomme de terre. Une nuit de crise de nerfs, Papa quitte la maison. Maman part sur ses traces et laisse le blizzard s'engouffrer par la porte ouverte. La petite sœur Neri serre le poing sur sa fourchette désespérément vide, avant d'être kidnappée par un sorcier. S'il nous reste à ce moment quelques larmes en stock et une once de courage, il est temps de suivre Budori dans le cruel monde extérieur pour prendre en main sa pauvre vie.
Budori, l'étrange voyage se veut roman d'apprentissage : de job en job, le jeune chat s'éloigne de l'usine et des champs pour embrasser des activités plus intellectuelles qui le mèneront jusqu'à l'université, troquant enfin la misère rurale pour le confort de la cité. On se réjouirait presque pour lui si l'on n'était pas occupé à se tortiller de malaise devant l'écran. Car non content d'être orp