Parmi les films qui, longtemps après la période la plus noire du maccarthysme, se sont emparés du sujet des auteurs «rouges» blacklistés à Hollywood, aucun n'est aussi précis et féroce que le Prête-nom. L'action, qui se déroule au milieu des années 70, met en scène Howard Prince, un petit magouilleur new-yorkais (Woody Allen), qu'un vieil ami écrivain mis sur la liste noire des indésirables convainc, contre rétribution, de devenir son homme de paille. En quelques semaines, Prince l'imposteur fourgue à tour de bras des scénarios de son ami et devient l'auteur le plus couru de la télévision - au point d'être obligé de faire appel à d'autres scénaristes ostracisés pour fournir la demande de plus en plus importante.
Il leur reverse la majeure partie de ses cachets, conservant une commission qui représente davantage d’argent qu’il n’en a jamais gagné. Mais la machine clandestine ne tarde pas à se gripper. Volant de succès en succès, le faux auteur commence à se prendre les pieds dans le tapis de la célébrité et de la richesse, étourdi par une réussite à laquelle sa condition misérable ne lui permettait même pas de rêver, avant de prendre un retour de bâton en pleine poire quand il est lui aussi soupçonné de sympathies communistes.
Plus tragédie grinçante que comédie, le Prête-nom dépiaute tous les mécanismes les plus insidieux qui ont rendu ces listes noires et ces chasses aux sorcières aussi puissantes. On y distingue, bien entendu, l'acharnement d'hommes politiq