En 2007, au moment du cataclysme global de la crise des subprimes, des experts plus ou moins bien intentionnés firent remarquer que l’Italie semblait moins touchée que d’autres pays, et cela parce que son secteur bancaire était tenu par des nonagénaires. Comprendre qu’un certain degré de tradition-stagnation maison perpétué au mépris du changement avait permis de tenir le choc.
Siphon puissant. On ne sait trop si ce jugement a une quelconque valeur, mais quand on arrive au Lido et à la Mostra, on se dit que décidément, ici, rien ne change. Toujours la même langueur d'été indien, les mêmes cinéphiles en short et les mêmes notables rougeauds habillés comme des troisièmes rôles d'une saison inédite des Soprano pour attaquer le tapis rouge. On ne s'en lasse pas, mais ça sent un peu le crépuscule, si l'on en juge par des salles de projection à demi remplies et un marché qui reste un rendez-vous marginal au calendrier des professionnels. Le directeur du festival, Alberto Barbera, en est conscient. L'an dernier, où il avait pourtant décroché Gravity en ouverture, il avait terminé son festival en accordant une interview au Monde où il déclarait : «Avec les Américains, ça devient un cauchemar ! Aujourd'hui, les grands studios, la Fox, la Paramount, etc., alors même qu'ils venaient encore à Venise dans les années 90, ne viennent plus dans les grands festivals.» On pouvait s'attendre à voir en compétition le nouve