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Critique

«The Cut»: Arménie, y a un turc

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Mostra de Venisedossier
Fatih Akin revient sur le génocide arménien dans un film qui interroge la question du rapport à l'Histoire.
Tahar Rahim, en Nazaret Manoogian. (Photo Gordon Muehle)
publié le 2 septembre 2014 à 18h46

Parmi les morceaux de choix proposés aux festivaliers, The Cut, de Fatih Akin, occupait une bonne place. En effet, le jeune cinéaste allemand, d'origine turque (41 ans), n'a cessé de jouer les wonder boys, accumulant les récompenses : ours d'or 2004 à Berlin avec Head On puis encore grand prix du jury à la Mostra en 2009 pour Soul Kitchen. Cette fresque coûteuse qui ne fédère pas moins d'une dizaine de pays à la production a fait parler d'elle avant même d'être montrée, à la fois en raison de son sujet (le génocide arménien entre 1915 et 1917) et parce que les ultranationalistes turcs se sont montrés menaçants à l'égard du cinéaste, affirmant que The Cut ne serait distribué dans aucune salle du pays.

Bilingue. Contentieux historique entre Turquie et Arménie, la notion de génocide continue d'être rejetée par les dirigeants turcs comme l'a encore prouvé, en avril, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, présentant les condoléances de la Turquie «aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915», mais affirmant dans un entretien à la chaîne américaine PBS : «Nous sommes un peuple qui pense qu'un génocide est un crime contre l'humanité, et jamais nous ne fermerions les yeux face à un tel acte.»

Fatih Akin avait en réalité un autre projet en tête, plus risqué encore : un film sur le journaliste arménien Hrant Dink, fondateur à Istanbul de l'hebdomadaire bilingue turc-arménien Ag