La Mostra, et surtout le jury, présidé cette année par le compositeur Alexandre Desplat, ont décerné le lion d'or au film du Suédois Roy Andersson, A Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence. Dominée par les thèmes hilarants du vieillissement gaga, du suicide, de l'agonie interminable, de la crise économique hard et de la guerre avilissante, cette 71e édition couronne donc un film au comique désabusé avec des personnages qui ont l'air de victimes hagardes d'un effondrement d'immeuble, le visage couvert de plâtre.
A Pigeon… prolonge les deux précédents films du cinéaste, Chansons du deuxième étage et Nous, les vivants, selon le même procédé de grands tableaux ou scénographies ultra-composés (essentiellement en studio) cadrés en plan séquence avec des personnages aux mouvements réduits au maximum. Tavernes, hôpitaux, self-service, salles de répétition de danse, chambres minuscules dans une sorte de HLM-HP, le cadre de l'action est contemporain, y compris lorsque, sans explication aucune, déboulent à cheval le jeune roi Charles XII (1682 -1718) et son équipage, dans un bar d'abord vidé à coup de fouet de toutes ses femmes (le roi drague le serveur après avoir bu un demi-verre d'eau).
Mal nourri. Andersson a mis quatre ans à peaufiner cet opus, dont il raconte qu'il l'avait présenté non terminé aux sélectionneurs cannois, qui ne l'avaient pas retenu. Ce rattrapage vénitien est donc une bonne affaire