Après la BM du Seigneur en 2011, Jean-Charles Hue, 46 ans, met une nouvelle fois en scène, dans Mange tes morts, la fabuleuse troupe d'acteurs que constituent les membres d'une famille yéniche (une communauté itinérante, distincte des Roms notamment de par ses origines européennes, avec laquelle il partage quelques ancêtres), et en particulier Frédéric Dorkel, principal objet de fascination de sa caméra depuis une dizaine d'années. Alors qu'il planche sur des projets qui, pour la première fois depuis longtemps, ne passent pas par le monde voyageur (l'un, un polar mystique en France ; l'autre au Mexique, dans la cour des miracles de Tijuana), il relate à Libération comment cette matière vivante s'est trouvée lancée à tombeau ouvert, dans Mange tes morts, sur les routes ravinées de la fiction de genre.
«Comme Gary Cooper débarquant chez les Indiens»
«Cette histoire, je l’écris depuis treize ans. J’ai vécu une nuit de virée avec Fred Dorkel et quelques autres, notamment son oncle Pierrot, qui a fait quinze ans de prison et dont s’inspire le personnage joué par Fred dans le film. Une nuit de dingue avec à peu près tout ce que j’ai mis dans le film : les motards qui nous tracent, la voiture à 300 km/h qui devrait voler dans le décor mais tient miraculeusement la route, les ba