Pride n'y va pas de main morte dans le registre du «bref rappel historique». Et il n'a pas tort puisqu'on sait, en l'expérimentant tous les jours, que l'amnésie d'une minute à l'autre est la nouvelle orthodoxie, et pas seulement dans le champ de l'information.
Viriloïde. Le rappel est historique, donc politique : à l'été 1984, tandis que Margaret Thatcher règne, le Syndicat national des mineurs britanniques vote la grève générale illimitée, «la grande dame», comme ont osé écrire certains de ses nécrologues, ayant décidé de rayer de la carte l'industrie minière et surtout ses ouvriers. Le conflit durera plus d'un an et se soldera par beaucoup de pertes et peu de profits pour les mineurs.
Quand une fiction, qui se veut en empathie avec les prolos, s’empare d’un épisode aussi dramatique de la vie sociale et économique d’un pays, les risques sont connus et hélas récurrents : chantage au «vécu», héroïsation forcenée des personnages censément victimes, idéologie du bon droit et des bons sentiments.
Comme son titre l'indique, Pride est fier de ce qu'il relate, trente ans après les faits. Mais il surmonte cette admiration à terme paralysante par l'injection d'une autre histoire vraie autrement secouante : dès le début de la grève des mineurs, un petit groupe de militants gays et lesbiens londoniens décide de récolter des fonds pour aider les familles de mineurs en grève. Trop cool, camarades, d'autant que la quête est un succès. J