Il a fallu un petit miracle pour éviter que les trésors cachés des Studios Baalbeck ne s'évaporent dans la nature ou finissent engloutis dans une décharge. Un jour de février 2010, la Germano-Libanaise Monika Borgmann, codirectrice d'Umam D&R, association libanaise qui collecte des archives, reçoit un appel inattendu. Les mythiques studios de cinéma libanais - une référence dans le Moyen-Orient des années 60 - vont être démolis. A l'autre bout du fil, des «trafiquants» de matières premières, qui récupèrent dans les immeubles en voie de démolition tout ce qui peut être réutilisé : carrelages, fenêtres, tables ou même cages d'ascenseur. «Ils m'ont demandé ce qu'on voulait acheter. Je leur ai dit de nous garder tous les documents écrits et les bobines de films», raconte Monika Borgmann.
En fait, c’est deux ans plus tôt, totalement par hasard, que Lokman Slim, l’autre fondateur d’Umam (et mari de Monika Borgmann), est entré en contact avec ce curieux «gang», alors que trois camions évacuaient des tonnes de paperasse du Carlton, ancien fleuron de l’hôtellerie libanaise et nid d’espions étrangers pendant la guerre civile. A l’époque, l’association avait racheté toutes les archives de l’hôtel.
«Quand nous sommes arrivés aux Studios Baalbeck, tout semblait abandonné depuis des années. La plupart des boîtes de bobines étaient rouillées et certains négatifs traînaient dans la poussière ou avaient été jetés à la poubelle», raconte la fondatrice d'Umam. La petite équipe