Mommy nous parvient à ce jour nimbé d'un boucan laudatif né en mai au festival de Cannes et qui depuis n'a fait qu'augmenter. Son jeune auteur, Xavier Dolan, gueule de mode idéale, mignon comme un cœur, a œuvré à intensifier ce déluge de dithyrambes, s'adonnant sans réserve aux couvertures de tous les magazines, à moult émissions de télévision.
Secousses. Cette unanimité, qui d'ordinaire rend méfiant, éveille au contraire le désir d'en rajouter. Alors, oui, allons-y sans tortiller, Mommy est LE film de la rentrée, un amour de film, celui qui nous perturbe. Car l'excès, le vacarme et la fureur irraisonnables sont justement son sujet, sa grande affaire.
A l’oreille, dès la première réplique, une histoire de bruits. Dans ce film québécois, la langue parlée est telle - le joual, sabir argotique - qu’on n’y comprend pas grand-chose et justifie les sous-titres. La première impression est déroutante d’un français dont on comprend à peu près le sens, ou en tout cas la musique, mais dont les mots, traîtres mots, nous filent entre les lèvres.
Le français comme langue minoritaire, voilà déjà qui secoue. Et le cadre choisi aussi ; drôle de cadre dont on a perdu la mémoire depuis l’origine du cinéma, un format vertical qui donne envie d’attaquer l’écran au pied-de-biche, comme on le ferait quand on arrive dans une location de vacances pour ouvrir les volets et tirer les rideaux, déplier l’image, l’aérer, pour y voir plus grand, plus cl