Contrairement à tous les usages de ce journal (et à rebours, même, de son éthique), qu'il nous soit permis, pour une fois, de citer l'intégralité d'un dossier de presse : celui du Paradis d'Alain Cavalier. Cela tombe bien : il ne consiste qu'en quelques lignes, écrites par l'auteur du film, sur une simple feuille de papier blanc. Le voici : «Depuis l'enfance, j'ai eu la chance de traverser deux minidépressions de bonheur et j'attends, tout à fait serein, la troisième. Ça me suffit pour croire en une certaine beauté de la vie et avoir le plaisir de tenter de la filmer sous toutes ses formes : arbres, animaux, dieux, humains… et cela à l'heure où l'amour est vif. L'innocence, le cinéaste en a perdu une partie. C'est si délicat à repérer autour de soi, si difficile à ne pas perdre au tournage. Ma reconnaissance va à ceux que vous regarderez à l'écran. Pour tenir tête au temps, j'ai une parade qui est de fouiller dans mon stock d'émotions et d'images anciennes. Non pour retrouver ce qui ne reviendra pas mais pour deviner dans l'hiver les signes du printemps. Cela permet de recommencer encore une journée d'un pas aisé.»
Profession de foi. Bien sûr, tout bon film se passe de mots, et Paradis est excellent. Mais ce texte de cristal n'a aucune raison de rester entre les mains pas toujours délicates des seuls journalistes, auxquels d'ailleurs il ne s'adresse pas spécialement. Il devrait être distribué à tous les spectate