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Libération
critique

«Le sel de la terre», un grand voyage en Salgado

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Portrait un rien superficiel du grand photographe brésilien par son fils et le fan Wenders.
Sebastião Salgado (né en 1944), photographié par son fils en plein reportage. (Photo Juliano Ribeiro Salgado)
publié le 14 octobre 2014 à 17h06

Le Sel de la terre est un film sur le photographe brésilien Sebastião Salgado, fait par deux coréalisateurs : le vétéran Wim Wenders et le jeune Juliano Ribeiro Salgado, fils de Sebastião. Juliano Salgado a apporté les kilomètres de films qu'il a tournés en accompagnant Sebastião autour du monde. Wenders, lui-même photographe, s'est plongé dans les archives photographiques de Salgado, et l'a interviewé. Il a inventé un dispositif qu'il appelle la «chambre noire bis», où le photographe, assis seul face à l'écran, regarde ses clichés tout en répondant à Wenders, qui n'apparaît pratiquement pas à l'image.

Grouillement. Le film-livre s'ouvre sur les incroyables et très fameuses prises de vue photographiques d'une mine d'or à ciel ouvert au Brésil. Une fourmilière de milliers d'hommes, accrochés à des échelles vertigineusement hautes, comme des fourmis sur des brins d'herbe, avec la même détermination, le même grouillement et la même fragilité que les insectes : on a l'impression qu'ils peuvent perdre la vie dans la seconde, à cause d'une chute ou d'un coup de couteau. Le ton est donné : le film donne à voir de très belles et très fortes photos, qui documentent des conditions de vie extrêmes.

On verra ensuite défiler tout le travail du photographe à partir des années 70 : des séries sur l’esclavage et l’Amérique du Sud, sur la mort au Rwanda, en Yougoslavie, au Congo. Dans les années 80, retourné dans son Brésil natal, Salgado