Le Sel de la terre est un film sur le photographe brésilien Sebastião Salgado, fait par deux coréalisateurs : le vétéran Wim Wenders et le jeune Juliano Ribeiro Salgado, fils de Sebastião. Juliano Salgado a apporté les kilomètres de films qu'il a tournés en accompagnant Sebastião autour du monde. Wenders, lui-même photographe, s'est plongé dans les archives photographiques de Salgado, et l'a interviewé. Il a inventé un dispositif qu'il appelle la «chambre noire bis», où le photographe, assis seul face à l'écran, regarde ses clichés tout en répondant à Wenders, qui n'apparaît pratiquement pas à l'image.
Grouillement. Le film-livre s'ouvre sur les incroyables et très fameuses prises de vue photographiques d'une mine d'or à ciel ouvert au Brésil. Une fourmilière de milliers d'hommes, accrochés à des échelles vertigineusement hautes, comme des fourmis sur des brins d'herbe, avec la même détermination, le même grouillement et la même fragilité que les insectes : on a l'impression qu'ils peuvent perdre la vie dans la seconde, à cause d'une chute ou d'un coup de couteau. Le ton est donné : le film donne à voir de très belles et très fortes photos, qui documentent des conditions de vie extrêmes.
On verra ensuite défiler tout le travail du photographe à partir des années 70 : des séries sur l’esclavage et l’Amérique du Sud, sur la mort au Rwanda, en Yougoslavie, au Congo. Dans les années 80, retourné dans son Brésil natal, Salgado