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Cinéma

«Bande de filles», une jeunesse française

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Le troisième film de la réalisatrice, en salles mercredi, va à contre-courant de la représentation de la diversité dans le cinéma français.
Assa Sylla, actrice du film "Bande de Filles" de Céline Sciamma, à Paris le 14 octobre. (Photo Yann Rabanier)
publié le 17 octobre 2014 à 20h06
(mis à jour le 18 octobre 2014 à 18h36)

En 1995, la Haine de Matthieu Kassovitz installe pour longtemps dans l'imaginaire français le style et les attitudes du «jeune de banlieue». Un peu hâbleur, stylé sportswear, baignant dans le rap et la fascination pour le cinéma américain (la fameuse scène où Vincent Cassel se prend pour De Niro dans Taxi Driver). Un cinéma de garçons de toute évidence. Vingt ans plus tard, la question de la banlieue reste explosive et une jeune femme, Céline Sciamma, prend le risque de l'aborder à nouveau en cherchant à en arracher les couches successives de peaux mortes qui y sont accolées. Bandes de filles nous permet de partager un bout de chemin avec une adolescente française, black, Marieme, 16 ans (la révélation Karidja Touré), vivant dans une cité HLM. D'abord ado timide, on la voit s'affranchir dans le frottement amical et galvanisant avec des copines dessalées, se donner du champ par rapport aux frangins, aux déceptions de l'école et aux débouchés de boulot peu engageants.

Assignations. Depuis 1995, les difficultés économiques n'ont pas vraiment reflué, la ghettoïsation des périphéries s'est aggravée, l'utopie du melting-pot laïc à la française a été laminée par toutes les crispations identitaires et les revendications religieuses. L'enjeu de représentation qui traverse le film est donc plus tendu encore et la cinéaste impressionne précisément par sa manière de décrire les problèmes, de les affronter tout en ne chercha