Menu
Libération
Reportage

«Bande de filles», la Seine-Saint-Denis se voit en son miroir

Article réservé aux abonnés
Céline Sciamma et ses actrices ont présenté «Bande de filles» à Saint-Denis, Aulnay ou Rosny, à la rencontre d’un public soucieux de l’image que leur renvoyait le film.
Céline Sciamma et ses actrices ont débattu avec des spectateurs, lundi à Rosny-sous-Bois. En haut Karidja Touré qui joue Marieme, la chef de bande. Ci-dessus, les actrices Karidja Touré et Assa Syla. (Photo Mathieu Zazzo)
publié le 17 octobre 2014 à 19h46

Au Festival de Cannes, Bande de filles de Céline Sciamma a reçu les louanges de la critique et des spectateurs. Mais ce soir, c'est avec l'appréhension d'un débutant que le film s'expose en avant-première devant le public de Seine-Saint-Denis : un nouveau test. Ici plus qu'ailleurs, l'histoire de Marieme, 16 ans, gamine de cité qui se cherche, rigole, danse, pleure avec sa bande de copines trouve une résonance. Elle attise la curiosité comme la peur du cliché. Et l'espoir de trouver un bout de soi sur grand écran.

Pourquoi ? 1) Parce que les films tournés en banlieue ne sont pas toujours une réussite aux yeux des concernés. Il existe tout de même des classiques : la Haine, de Mathieu Kassovitz, est toujours gravé dans les mémoires. 2) «Une petite bourgeoise» au milieu des tours avec une caméra, c'est toujours suspect. 3) Quatre filles d'une cité à l'écran, c'est presque une nouveauté.

«Quatre Fatou». En 2004, Abdedellatif Kechiche, avec l'Esquive, avait mis un peu de féminité en banlieue avec justesse. Mais on a cette impression bizarre que la cité appartient aux lascars sur grand écran. A l'entrée du cinéma Gaumont à Saint-Denis, le public est clairsemé. Seulement une quarantaine d'âmes. Des filles surtout. Un jeune couple, en pleine négociation : Ibrahim penche pour Sex Tape, Binta pour le film de Sciamma. Nike aux pieds et cuir sur les épaules, il argumente : «On ne va pas aller voir un film avec