Menu
Libération
Musique

Une musique lasse du béton

Article réservé aux abonnés
Le producteur Para One, que Sciamma a rencontré à la Fémis, compose les BO de tous ses films.
Photogrammes du film. (Photos Lilies Films)
publié le 17 octobre 2014 à 19h46

Ecouter à l'aveugle les dix compositions originales qui scandent Bande de filles est des plus instructif. Déconnectées des images, ces pièces laissent alors entrevoir un film aérien, lumineux et placé dans une réalité suspendue entre deux eaux. C'est ce qu'il est, par vagues contraires qui s'entrechoquent.

Composée par Jean-Baptiste de Laubier, alias Para One, comme l'ensemble des musiques originales des trois films de Céline Sciamma, la BO de Bande de filles s'est imposé un principe de départ qui lui garantit d'être autre chose qu'une musique d'ambiance prévisible : pas de hip-hop. «Céline vient de la banlieue et moi je viens du rap, expliquait Para One. Si on s'était lâchés on aurait fait la Haine au féminin.»

Oust, donc, les beats lourds et les MCs, pour laisser la place à une musique qui se construit - physiquement - en même temps que Vic avance dans sa quête d'ellemême. Une musique qui tient de la science-fiction menaçante façon John Carpenter (The Fog, Assaut), des nappes annonciatrices d'Angelo Badalamenti pour Twin Peaks et du romantisme urbain américain de Cliff Martinez (Drive).

«Intériorité». Plongé dans ce bain, Bande de filles devient bien autre chose qu'un film de banlieue. «Même si l'environnement où évolue l'héroïne est brutal, je voulais qu'on comprenne son intériorité par la musique, continue Para One. C'est une musique d'élévatio