Cela devait bien lui advenir tôt ou tard : comme nombre de personnes arrivées fortunées à son grand âge, Woody Allen aura fini par échouer, à 79 ans, sous les lumières citronnées de la Côte d'Azur. Une retraite passagère en French Riviera, d'où il émet une carte postale aux teintes rétro en guise de bulletin de santé annuel de son appétit de cinéma. Et puisqu'en ces contrées le soleil a toujours brillé plus intensément pour les vieux jours des grands bourgeois, ce 44e long métrage, Magic in the Moonlight, a pour théâtre la demeure d'une riche famille américaine au crépuscule du Jazz Age fitzgeraldien, en 1928, à la veille de sa ruine et de son effondrement sous les assauts de la crise et du nazisme.
Sarcasmes. Encore offertes au luxe d'une crédulité insouciante, toutes les passions et les ferveurs y gravitent autour d'une jeune invitée en fleurs (Emma Stone), enluminée telle une héroïne du muet par les scintillements de la splendide photographie signée Darius Khondji. Parée d'airs soignés d'illuminée ingénue, Sophie Baker se dit médium et prétend mettre, moyennant salaires, ses dons visionnaires au service de ses hôtes.
Un proche de la famille, flairant une duperie, convie alors un ami (Colin Firth), expert en enfumage et prestidigitateur virtuose de profession, pour démanteler et mettre au jour la mystification. Investi par le film de la tâche de rendre audible en chaque scène la voix et les facéties de l’auteur comme