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Libération
Chenilles

«Fury», tank il y aura des hommes

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«Fury» ou l’apologie guerrière d’une Amérique fascinée par ses «boys».
David Ayer, Brad Pitt, Shia LaBeouf. (Photo Sony Pictures Releasing GmbH)
publié le 21 octobre 2014 à 17h06

Depuis, mettons, une bonne quarantaine d’années, soit le temps qui sépare le désastre militaire au Vietnam de l’embourbement contemporain en Irak et en Afghanistan, le film de guerre américain est passé par toutes les couleurs de la névrose collective.

Sans entrer dans la recension des plaidoyers pacifistes (dont Rambo) et, à l'inverse, des cochonneries revanchardes (dont Rambo 2), il est évident que l'Amérique a mal à son armée. Il faut dire que la diffusion des images d'actualité du front - rares et neutres sur les grands canaux médiatiques mais terriblement violentes sur le Net - est un phénomène qui relève, dans un pays en guerre perpétuelle ou presque, de l'anomalie, tandis que, parallèlement, dans la vraie vie, les pare-brise des voitures s'ornent d'autocollants «Support our troops» et que le terme soldat a été remplacé par celui de héros.

Dans ce contexte, la sortie de Fury prend d'emblée des allures de parabole un peu gênante tant elle se montre ostentatoire. L'action se déroule dans la riante campagne allemande quelques semaines avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'équipage d'un char d'assaut américain, miraculeusement épargné après les campagnes d'Afrique du Nord, d'Italie, de Normandie et des Ardennes, entre dans la dernière ligne droite en direction de Berlin. Il faut désormais se battre contre des enfants ou des vieillards déguisés en SS, contre des maraudeurs habillés en civil et, surtout, contre l'écœurement massif qu