Après trois beaux premiers longs métrages déjà colorés d'autobiographie (Tout est pardonné, le Père de mes enfants et Un amour de jeunesse), Mia Hansen-Løve, 33 ans, a écrit son quatrième, sans doute le plus ambitieux et réussi à ce jour, en famille, dans une collaboration avec son frère aîné Sven. De ce dernier, Eden décalque la trajectoire filante à travers l'éruptive scène électronique du Paris nineties, qui vit la France assimiler les sonorités machiniques tout feu, tout glace de la house music, pour aussitôt s'en éprendre et les reproduire sous une étiquette bientôt prospère: la French Touch.
Des premières raves dans les bois du Val-de-Marne aux soirées au Queen ; de l’apprivoisement des platines aux pèlerinages à New York et Chicago sur les terres des maîtres, des vertiges de l’envol d’une carrière à la perdition dans la griserie des nuits noceuses, la cinéaste retrace l’histoire de cette déflagration culturelle par la marge, à la fragile lueur d’un cheminement intime. Un trajet individuel lentement fracassé, aussi constant dans ses inconstances (amoureuses) que son obstination passionnelle (musicale).
Tout à la fois ample et d’une acuité fulgurante tant dans le portrait de cet ange ivre que dans la peinture de l’époque, le film, lui, va vite, et file à toute hâte d’une fête à l’autre sur la crête des années, ce qui ne l’empêche pas de mener une reconstitution maniaque, sur près de vingt ans, de la couleur de ces nuits, des silhouettes de ceux qui les h