Une année sépare le Gravity d'Alfonso Cuarón, sorti fin octobre 2013, du Interstellar de Christopher Nolan. Les deux films entendent reprendre le flambeau de la démesure spatiale du 2001, de Stanley Kubrick. De cette matrice naissent donc coup sur coup deux bébés monstres qui sont aussi des faux jumeaux. Le cinéaste mexicain, 52 ans, imaginait un genre de Kammerspiel cosmique à deux personnages puis un seul, une femme perdue dans l'espace à quelques encablures de la Terre et cherchant à toute force à y retourner saine et sauve. Le réalisateur britannique, fort du double succès à plus d'un milliard de dollars de ses Batman, élabore, lui, une fresque prospective sur une expédition de scientifiques cherchant dans une autre galaxie une planète pour y réimplanter la vie humaine, qui est en train de s'éteindre à petit feu, suite à des vagues de mauvaises récoltes auxquelles l'homme ne peut rien.
Trou noir. Il ne fait pas l'ombre d'un doute que Nolan a subi de plein fouet, alors qu'il s'activait à la postproduction de son masterpiece spatial, le choc du film de Cuarón, même s'il dit qu'il ne l'a pas vu. En un sens, les deux cinéastes partent de postulats intellectuels et techniques radicalement différents, même s'ils visent tous deux une fo