Moins d’une semaine avant le lancement en salles d’
Interstellar,
Christopher Nolan était à Paris en délégation promo de luxe. Pour
Libération,
trente minutes d’entretien montre en main.
La sortie et le succès de Gravity ont-ils changé quelque chose dans le processus de fabrication d’Interstellar ?
Non. Je n’ai pas voulu voir le film à sa sortie pour ne pas être perturbé pendant sa conception. Je m’en suis d’ailleurs excusé auprès d’Alfonso Cuarón. Mais je vais y aller très bientôt.
Etes-vous satisfait du résultat final ?
C’est très proche de ce que j’avais en tête. Sur certains points, cela a même dépassé mes espérances. Pour l’instant, je suis évidemment très anxieux de l’accueil qui lui sera réservé, mais pendant que je travaille je suis très serein. Je me mets toujours dans la position du spectateur et je fais les films que j’aurais envie de voir. C’est une manière de travailler qui me donne beaucoup de confiance parce qu’elle est très sincère. A l’inverse, dès l’instant où tout est achevé, je suis terrifié parce qu’il n’y a plus rien à faire et que je me trouve alors entre les mains des dieux du cinéma.
Vous vous sentez totalement libre de vos mouvements, de vos choix ?
Je crois que si on est vraiment sincère dans ce que l’on fait, on doit prendre toutes les décisions. On ne peut pas confier à quelqu’un d’autre une partie du film parce que la cohérence de l’ensemble exige de tirer la meilleure version de ce que je veux faire entendre. Et personne d’autre ne peut le faire à ma place. Je suis le seul, au départ, à savoir ce à quoi le film va ressembler.
C’est votre définition d’un artiste ?
Peut-être. Ou plutôt d’un artisan, ce qui me correspond mieux. Une partie de mon travail consiste à camper sur mes positions.