Il est tour à tour infatué, mégalo, macho, manipulateur, mais aussi courageux, rusé, charismatique… Le portrait de Lech Walesa, le héros de Solidarité, premier syndicat libre du monde communiste, que dresse Andrzej Wajda est bien plus intéressant que l'on pouvait s'y attendre. Le cinéaste polonais est un admirateur affiché. Pourtant, il en renvoie une image complexe, fidèle au personnage, admirable et exaspérant. Après l'Homme de marbre puis l'Homme de fer, l'Homme du peuple clôt la trilogie que Wajda, 88 ans, consacre aux grands moments du communisme en Pologne. Avec Lech Walesa, l'électricien moustachu des chantiers navals de Gdansk qui dans les années 80 dirigea un syndicat de 10 millions de membres, il revisite une vingtaine d'années, des émeutes ouvrières de 1970 à la victoire de Solidarité dans les urnes en 1989.
Le film, qui ne fera pas date d’un point de vue cinématographique, se présente comme un biopic un peu kitsch. L’acteur qui joue Walesa reprend sa façon de se rengorger du menton, ses airs rusés lorsqu’il négociait avec les communistes, son plaisir à être applaudi par la foule… Les images d’archives se mêlent aux reconstitutions : elles montrent la brutalité des Zomos, les forces antiémeute du régime, la surveillance des opposants, les files d’attente pour acheter pain, lait… Le tout sur fond de rock de l’Est anticommuniste.
On sent Wajda tenté par l’hagiographie. La figure de Walesa est clivante aujourd’hui en Pologne et le cinéaste n’a pas cac