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Libération
Critique

«Règlement de comptes», noir espoir

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Bouillu . Ressortie par Wild Side du chef-d’œuvre de Fritz Lang.
publié le 21 novembre 2014 à 17h16

The Big Heat, en français Règlement de comptes, est un film noir réalisé par Fritz Lang en 1953, pendant sa période américaine, qui ausculte l'état de la corruption dans une ville des Etats-Unis, met au jour les rapports entre la pègre et la police, s'intéresse au sort des femmes (elles le paient cher) et questionne le sentiment de vengeance, qui peut changer la nature de victimes en celle de bourreaux. Le film, violent, lutte pour ne pas être englouti dans des eaux sombres et désespérées.

Soixante ans plus tard, que reste-t-il de The Big Heat ? Malgré quelques caméras tremblées rares pour l'époque, l'habillage stylistique en a pris un coup face aux atours du moment des thrillers ou films de genre (surdramatisation des bruitages et des sons, montage rapide, caméra très mobile). Il était déjà faiblard par rapport aux standards de l'époque, avec ses pièces presque nues, ses «meublants» vides et ses murs zébrés d'ombres de perches. Mais sur le traitement de ses thèmes et la façon dont son message est délivré, The Big Heat reste un sommet d'audace et de subtilité. Grâce notamment à l'utilisation d'une cafetière, le film échappe au sort de bibelot posé sur l'étagère de la cinéphilie. Il est intemporel, à jamais connecté au couple violence-vengeance et irrigue un pan du cinéma. Comme M inventait les codes du polar encore en vigueur, The Big Heat est l'étalon du film noir sans espoir. A côté du personnage de Glenn Ford, Marlowe p