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Interview

Frère & sœur cherchent femme riche : Meurtre envisagé

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«Alleluia», ovni inconfortable du Belge Fabrice Du Welz sur le thème de l’amour fou.
Les amants Laurent Lucas (le frère) et Lola Dueñas (la sœur) forment un couple infernal. (Photo Kris Dewitte)
publié le 25 novembre 2014 à 17h06

Robert Desnos a écrit, à propos de l'affaire Jacques Vacher, tueur en série français des années 20-30 : «La sagesse est dans les asiles et la folie en liberté.» «J'adhère, complètement», nous répond le Belge Fabrice Du Welz, qui sort cette semaine son quatrième film, Alleluia, inspiré de la vie de Martha Beck et Raymond Fernandez, les «Tueurs aux petites annonces». Leur itinéraire sanglant a déjà plusieurs fois crevé l'écran, l'adaptation la plus populaire restant celle en noir et blanc de Leonard Kastle en 1969, les Tueurs de la lune de miel. Dans Alleluia, seconde pierre après Calvaire «d'un modeste triptyque», Du Welz déborde du fait divers réaliste pour questionner le sentiment de folie passionnelle qui soude le couple et devient peu à peu le sujet du film. Violent, charnel, explicite et, en même temps, désamorcé par des ruptures quasi comiques à première vue inappropriées mais qui font l'originalité d'un Du Welz porté sur le surréalisme, Alleluia remue et fascine. «J'aime faire des films qui sont des prototypes. Je n'inscris pas mon cinéma dans le réalisme. Je veux qu'il soit à ses frontières.»

Nous sommes assis sur le même canapé, la fenêtre est située derrière Du Welz qui, à contre-jour dans une ambiance semi-nocturne, parle à fort débit en faisant de grands gestes. «Ce qui m'intéresse, c'est le réalisme magique et la poésie, du bizarre ou du macabre, c'est ce que je traque. J'aime l