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Cinéma

Derviche Turner

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Lumière. Biopic de Mike Leigh sur les dernières années de l’artiste phare du romantisme anglais.
Timothy Spall a reçu le prix d'interprétation masculine à Cannes en mai pour «Mr Turner». (Photo Simon Mein / Thin Man Films)
publié le 2 décembre 2014 à 17h46

Joseph Mallord William Turner, né en 1775 et mort en 1851, était un monstre. Invivable, bourru, laid et ahurissant de mépris envers ses proches. Ses éructations orales se transformaient, sur ses toiles, en halos gazeux, en nuages marins agités ou en brumes douces. L’ogre était, évidemment, un génie, l’un des plus grands de l’histoire de l’art britannique et certainement le plus marquant du romantisme anglais.

Résumé ainsi, Mr. Turner, film de Mike Leigh consacré aux vingt-cinq dernières années de la vie du peintre, pourrait faire office de repoussoir. D'abord parce qu'il s'inscrit dans le genre, aujourd'hui omniprésent dans le cinéma mondial, du biopic et que, comme d'autres, pointait le risque d'appliquer le traditionnel cahier des charges du «portrait de l'artiste maudit face à un monde cruel». Chez Mike Leigh, c'est tout l'inverse. Le réalisateur anglais filme la vie, parfois sordide, du peintre, son quotidien londonien, ses escapades en bord de mer. Le film est traversé par les apparitions de son entourage : un père débonnaire et malade, une ex-maîtresse furax, une bonne à tout faire pathétique, une amante dévouée et délicate… Avec, à chaque plan, son acteur fétiche, Timothy Spall, dont le jeu pour le moins habité lui a valu un prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes en mai, où le film était présenté en sélection officielle.

Tempête. Mais Turner n'est qu'un élément de Mr. Turner. Mike Leigh, cinéaste du