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Libération

Pitié : la French !

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publié le 2 décembre 2014 à 19h16

Comme le laisse entendre une bande-annonce survirile qui tourne en boucle sur les sites spécialisés et à la télévision, la French (rien à voir avec un doc sur la manucure, donc) déclenche un signal d'alarme bien connu : quand un film français s'empare ainsi des codes surannés du polar à l'américaine, le désastre n'est jamais loin. Fidèle à l'objet promotionnel en question, au point de donner l'impression que le film n'a été conçu que pour y être conforme, la French ressemble aux travaux pratiques d'un alchimiste cancre qui aurait le don de transformer l'or d'une prodigieuse fresque criminelle en un bloc de plomb filmé avec les genoux, s'obstinant à aligner de la testostérone de synthèse sur des étagères de Formica, histoire de coller à la vieille idée de l'érotisation de la violence et du crime. Il ne fait aucun doute que Cédric Jimenez, le cinéaste, et le duo Dujardin-Lellouche ont biberonné jusqu'à l'overdose aux polars nerveux de Friedkin, Mann, Fleischer, Siegel et compagnie. Tout ça pour que, deux heures durant, ces braves gens s'emploient à surjouer l'exercice du plagiat, toujours à un millimètre de la parodie involontaire. Au point que personne ne serait vraiment surpris si les deux compères à l'écran se mettaient subitement à se bidonner comme dans une émission d'Arthur. Parmi les stigmates les plus embarrassants de ce référencement forcené, un goût envahissant pour le vintage faisant ressemb