Mike Leigh a 71 ans, est né à Manchester et vit à Londres. Courant novembre, ce grincheux pince-sans-rire était de passage à Paris pour donner des interviews au sujet de Mr. Turner.
Vous souvenez-vous de votre découverte de Turner ?
Adolescent, je pouvais déblatérer sur Picasso, les impressionnistes… Mais, curieusement, Turner ou Constable n’évoquaient rien aux gens de mon âge, ils n’étaient que des motifs imprimés sur des boîtes de biscuits. C’est en arrivant à Londres, dans les années 60, pour intégrer une école d’art, que je l’ai vraiment découvert. J’avais une vingtaine d’années et je me posais des questions sur le rôle du cinéma, sur le réalisme. Il a été une des réponses.
L'idée d'un film biographique date de la fin des années 90, depuis Topsy-Turvy. Pendant les tournages, je me dis souvent que la chose la plus intéressante à filmer est la lumière. Pour cela, Turner est le sujet idéal. Les financements ont été lents à arriver, le film a mis très longtemps à mûrir dans ma tête. Je voulais juxtaposer sa personnalité, étonnante, violente et attachante, avec son travail, un écho direct au concept du sublime qui était alors naissant. J'ai choisi de présenter les dernières années de sa vie, parce que toute sa radicalité se déploie à ce moment. De toute manière, si j'avais dû filmer toute sa vie, cela aurait été hors de prix à tourner, et très difficile : il aurait fallu trouver un petit garçon obèse qui ressemble à Timothy Spall [l'acteur jouant Turner, ndlr].
Le film présente les dernières années de sa vie, dans une époque particulière, où la société britannique changeait radicalement…
Je suis toujours intéressé par la manière