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Libération
Critique

«Wake in Fright», tare australe

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Cinéma. Reprise en salles du film de Ted Kotcheff, virée suffocante dans le bush dégénéré.
Donald Pleasence, grand habitué des rôles de psychopathes. (Photo DR)
publié le 4 décembre 2014 à 18h36

Quand il s'agit d'inventer et de représenter une forme de fin du monde, on peut faire confiance aux Australiens, on dirait qu'ils y vivent. Wake in Fright («Réveil dans la terreur»), qui revient sur les écrans français après quelques décennies d'oubli, est d'abord un roman de Kenneth Cook, un cinglé local, talentueux auteur d'autres petites merveilles bourrées «d'ignominie, d'effroi et de confusion» pour reprendre ses propres termes, tels que A coups redoublés ou la Vengeance du wombat. C'est ensuite un film du Canadien Ted Kotcheff, fidèle au livre, qui reste bien placé dans le registre du cauchemar éveillé comme «le meilleur et le plus terrifiant film australien» ainsi que l'avait justement souligné Nick Cave, fin connaisseur.

«Claustrophobie». Le personnage principal de ce road-movie paralysé est un blondinet aux faux airs de Peter O'Toole (Gary Bond), exerçant l'ingrate profession d'instituteur dans un village du bush assommé de soleil et d'ennui. Pour ses premières vacances, le jeune homme rassemble ses faméliques économies et prend la direction de Sydney pour y retrouver sa fiancée et les plages de surfeurs. Juste avant de s'envoler, il doit faire halte à Bundanyabba, patelin poussiéreux où le soleil épluche quiconque s'aventure de jour dans la rue et où la principale occupation consiste à engloutir autant de bières glacées qu'il est humainement possible.

Pour lui, «The Yabba», sobriquet d