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«S’il te plaît, ne reviens pas en Syrie»

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Wiam Simav Berdirxan, dans Homs assiégé, a trouvé une échappatoire en transmettant ses rushs à un exilé à Paris, Ossama Mohammed.
Wiam Simav Bedirxan et Ossama Mohammed, à Cannes en mai, alors qu'ils se croisaient pour la première fois. (Photo Yann Rabanier)
publié le 16 décembre 2014 à 17h26

L'anecdote ne fit certes pas le même boucan lors du dernier Festival de Cannes que l'annonce de la palme d'or, que les émois œdipiens de Xavier Dolan ou la réclame du «DSK movie» du tandem Depardieu-Ferrara. A notre mémoire, elle en demeure pourtant peut-être la plus bouleversante histoire. Conviés à présenter en sélection officielle Eau argentée, l'une des vibrantes secousses du Festival, les deux coréalisateurs, Wiam Simav Bedirxan et Ossama Mohammed, s'y rencontraient pour la toute première fois, seulement quelques jours avant la présentation de leur œuvre commune sous les ors cannois, lors d'une projection qui laissa le public comme les auteurs le souffle coupé.

Elle, une frêle femme de 35 ans, aussi pleine de douceur que de gravité, arrivait de Syrie, son pays qu’elle n’avait encore jamais quitté depuis l’installation de sa famille, venue d’Arabie Saoudite, dans un village entre Lattaquié et Alep alors qu’elle était enfant. Pour honorer l’invitation, elle avait dû braver les dangers de routes cahoteuses entre Homs assiégé et la Turquie, passer des heures à guetter les départs de bus de l’ONU, transpercer un feuilleté absurde de barrages et de frontières mouvantes, tenus à la force des armes tantôt par les forces loyalistes, tantôt par Daesh (l’Etat islamique). Et aussitôt atterri en France, elle avait voulu repartir, rentrer à la maison.

Rêveries. Lui, un sexagénaire à la rondeur grisonnante qui présente le même regard plein