Pour le spectateur français un peu amnésique, le nom de Virna Lisi, décédée jeudi 18 décembre à Rome, évoque son rôle de Catherine de Médicis, dans la Reine Margot en 1994. Dans chaque plan du film de Patrice Chéreau, le visage de la comédienne italienne était une boule de rancœur et de haine qui faisait écho à l'allure diaphane de la poupée Isabelle Adjani. La performance valut à l'actrice un prix d'interprétation féminine au festival de Cannes.
Le visage de Virna Lisi, alors flétri par les années, avait pourtant été d'une splendeur retentissante, agitant le cinéma italien des années 50 et 60. Née à Ancône en 1936, Virna Pieralisi commence sa carrière à 16 ans et prend le pseudonyme de Virna Lisi. Elle écume les productions italiennes, alors en plein âge d'or, les shows de la RAI (l'un de ses premiers faits d'armes est le rôle d'Elizabeth Bennett dans Orgueil et préjugés). Dans les studios romains, sa cote monte : elle apparaît dans des péplums (Romulus et Rémus), des comédies avec Totò, inconnu en France mais dont la célébrité est comparable en Italie à un De Funès ou un Bourvil.
De Mastroianni à Hollywood
Virna Lisi était le prototype de la comédienne italienne magnifique, mais dont la beauté avait, grâce au machisme en vogue dans les studios, occulté les talents dramatiques. Longtemps en Italie, son nom a été associé à une publicité télévisuelle pour du dentifrice, dont le slogan était un monument de mépris phallocrate : «Con quella bocca può dire ciò che vuol