Le nom de Virna Lisi, décédée jeudi à Rome, évoque immédiatement son rôle de Catherine de Médicis dans la Reine Margot, en 1994. Dans chaque plan du film de Patrice Chéreau, le visage de la comédienne italienne était une boule de rancœur et de haine qui faisait écho à l'allure diaphane de la poupée Isabelle Adjani. La performance valut à l'actrice un prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes. Le visage de Virna Lisi avait été d'une splendeur retentissante, agitant le cinéma italien des années 50 et 60.
Née à Ancône en 1936, Virna Pieralisi commence sa carrière à 16 ans et prend le pseudonyme de Virna Lisi. Elle écume les productions italiennes, alors en plein âge d'or. Dans les studios romains, sa cote monte : elle apparaît dans des péplums (Romulus et Rémus), des comédies avec l'acteur Totò, presque inconnu en France mais dont la célébrité est comparable en Italie à un de Funès ou un Bourvil.
Virna Lisi était le prototype de la comédienne italienne magnifique, mais dont la beauté, vu le machisme en vogue dans les studios, avait occulté les talents. Longtemps en Italie, son nom a été associé à une pub télé pour un dentifrice, au slogan on ne peut plus phallocrate : «Avec une bouche pareille, elle peut dire ce qu'elle veut.» C'était compter sans la vivacité avec laquelle elle apparaissait à l'écran aux côtés d'Alain Delon, Richard Burton ou Marcello Mastroianni. Elle a tourné à Hollywood, avec Jack Lemmon, dans Comment tuer votre femme<