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Libération
Critique

«The Interview» : le gros rouge potache

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La comédie de Seth Rogen et Evan Goldberg s’attaque finalement moins à Pyongyang qu’à la bêtise américaine.
«L'Interview», parodie de l'impérialisme en éléphant parmi les porcelaines. (Photo Sony Pictures Releasing GmbH)
publié le 28 décembre 2014 à 18h56

Bon. Maintenant que tout le monde a vu The Interview (téléchargé en dix minutes max), a-t-il vraiment besoin d'un commentaire ? Oui, si la critique n'est pas un jugement mais un échange, une proposition, et si le film en lui-même peut supporter différents regards, s'il n'est pas raté au point d'être univoque. Certes, ce n'est pas un chef-d'œuvre. Mais qui nous avait promis une telle chose ? Il est absurde, déconnant, sur une base comique parano-scato qui a fait ses preuves. Il fait rire une fois tous les quarts d'heure, sourire le reste du temps.

Fan de. On est étonné d'apprendre que Pyongyang aurait pu déchaîner ses foudres contre cette pochade car le seul sujet de The Interview, comme de la plupart des films hollywoodiens, ce sont les Américains. La Corée du Nord et Kim Jong-un sont un décor, un prétexte, l'occasion de se moquer gentiment de soi-même. D'une certaine façon, Pyongyang est hors jeu. Les Martiens ou n'importe quel ennemi de l'Amérique (Indiens, Soviétiques, musulmans) auraient aussi bien fait l'affaire. Evidemment, être pris à partie pour ne même pas exister, c'est peut-être encore plus vexant.

Dave Skylark (James Franco) et Aaron Rapaport (Seth Rogen) sont deux crétins, le premier plus que le second puisqu’il présente un show télévisé d’interviews people à scandale, et que Rogen est son producteur, légèrement plus malin. L’un et l’autre sont décrits comme racistes (ils prennent l’accent asiatique en perman