Captives d'Atom Egoyan
Les personnages de Captives s'enlisent en permanence dans la neige de l'Ontario (Canada). Huit ans après la disparition d'une petite fille, volatilisée sur un parking, parents et flics pensent voir des indices quant à sa survie. Avec son quatorzième film, présenté à Cannes en sélection officielle en mai 2014, Atom Egoyan se plonge dans le fait divers, directement emprunté à l'histoire de la jeune Autrichienne Natasha Kampusch. La gamine vit effectivement, claquemurée dans la tanière d'un maboul qui en a fait un appât de chasse aux enfants sur les forums internet, et qui la laisse observer sa mère via des caméras de vidéosurveillance. Egoyan met en place un récit façonné de non-dits, de doutes, de détermination policière et de culpabilité paternelle (l'acteur Ryan Reynolds offre ici une intéressante alternative à sa carrière de musclor) qui s'essouffle très vite. Traitant le tout avec un œil binaire, oubliant la complexité psychologique - dans un thriller, le geste est surprenant -, Captives veut écrire un commentaire définitif sur l'intrusion/invasion des écrans dans les comportements contemporains, mais cela sonne faux, voire ringard.
Il semble d'autant plus dépassé qu'il sort dans le sillage de deux films, Gone Girl et Sils Maria, qui auront su, l'un sur l'intrigue policière et l'autre sur la question des images, proposer une actualisation autrement plus moderne des codes du genre. C.Gh.
Queen and Country de John Boorman
Il y avait un peu plus d'une décennie qu'aucun film de John Boorman, le réalisateur anglais de Delivrance et d'Excalibur, n'avait atteint les salles françaises. Queen and Country marque son retour attendri, à bientôt 82 ans, sur ses années de jeunesse, à travers une comédie en uniformes mêlée d'éducation sentimentale.
Il est question de l'ennui profond et des amours bourgeonnantes d'un jeune troufion-instructeur à la tête pleine de rêves de films, mais coincé en caserne par l'appel des drapeaux à l'orée du règne d'Elizabeth II. Une élégie autobiographique pas dénuée de charme, dont on regrette qu'elle affiche non seulement la nostalgie des années de formation du réalisateur, mais aussi du cinéma le plus académique d'alors. J.G.