Kingsman : Services secrets de Matthew Vaughn (2 h 09)
Après Kick-Ass et X-Men : le commencement, le Britannique Matthew Vaughn (lire Libé de mardi), jadis comparse de Guy Ritchie, continue son entreprise de démolition trash avec cette parodie de films d'espionnage. Cerise bio sur le gâteau sans huile de palme, le sujet évoque le réchauffement climatique pour finalement considérer les hommes comme le virus qui, à terme, anéantira la Terre. Pour la soigner, le méchant Valentine (Samuel L. Jackson) a une médication radicale : que l'humanité s'entretue et que les classes dirigeantes, protégées dans un bunker, refondent un nouveau monde sur nos cadavres. Notion absolument aberrante pour les agents de Kingsman, Galahad (Colin Firth) en tête, une société d'espions à capitaux privés mais dont le bien public est la raison d'être. En remontant le fil délirant de cette enquête qui voit aussi la préparation militaire d'un groupe d'apprentis-espions (dont le jeune et déjà star Taron Egerton), Matthew Vaughn n'oublie pas son humour de sortie de piste et son intérêt pour les scènes de baston chiadées. Pour le reste ? Euh… quel reste ? G.Ti.
American Sniper de Clint Eastwood (2 h 12)
Chris Kyle est une fine gâchette qui a servi sur quatre missions à haut risque en Irak lors de l'invasion planifiée par l'équipe Bush et a pu revendiquer 255 tués (160 reconnus par le Pentagone). Il a publié ses mémoires avant de prendre une balle tirée par un vétéran traumatisé qu'il essayait d'aider à se réinsérer. C'est ce livre qui sert de point de départ au film d'Eastwood, triomphe américain en cours et dont Libération a fait son Evénement dans l'édition du week-en dernier. Nous y décrivions ce que le film a de problématique, son adhésion sans recul au point de vue d'un sniper décontextualisé, travaillant à dézinguer l'ennemi confondu un peu vite avec l'intégralité d'une population irakienne réduit à une masse sauvageonne et vitupérante. Kyle, interprété par Bradley Cooper, est surnommé par ses collègues «The Legend» et c'est cette légende que le film réinvente en même temps qu'il réactive cette idéologie d'un monde bipolaire et sans nuances, structuré par le mythe d'un empire du Bien jouant les garde-fous et les restaurateurs d'ordre partout où le monde déraille. D.P.